Catherine Cour, le 1er août 2013.
Il y a des moments magnifiques qui naissent d’un pur hasard. À Barjac, l’habitude est de rendre chaque soir hommage à un artiste en diffusant une de ses chansons avant le début du premier spectacle. Lundi soir, avant le récital de Michel Boutet, la chanson choisie était « Juste une femme » extraite du dernier album d’Anne Sylvestre (marraine du festival). À la fin du morceau, Michel Boutet, comme si cette succession était voulue, enchaîne « Juste une femme… juste une autre femme, une femme qui n’a jamais demandé à personne de penser à sa place ». Suit une chanson issue de son album « La cordillère des anges » : « La vieille et les loups » – « Penser, c’est du courage quand les cheveux virent au gris / Elle nous payait d’une page de sa philosophie ». Cette femme est un des nombreux personnages qui peuplent les chansons de Michel Boutet. Comme Anne Sylvestre, il aime donner un nom aux personnages de ses chansons. Le message passe mieux si on peut mettre un visage sur l’idée que l’auteur veut illustrer, qu’elle s’appelle Benoîte, Xavier, Clémence… Jean-Guy Douceur ou « Leïna », deuxième chanson du récital de ce soir.
Michel Boutet y naviguera entre des chansons récentes et d’autres plus anciennes, issues de ses précédents albums. Elles présentent pourtant toutes une belle homogénéité, bien servie par les trois artistes sur scène : Jacques Montembault au piano et Delphine Coutant au violon et à la voix. Que ce soit pour se demander où sont passés « Les gardes-barrière » , nous présenter son copain imaginaire, nous emmener visiter les bars qui bordent la Mer d’Iroise, au son de « L’accordéon qui joue dans Amsterdam ».
Il y a des auteurs qui évoquent des voyages, des ailleurs qui font rêver ; d’autres préfèrent s’indigner, militer, râler, revendiquer ; certains choisissent l’humour pour s’exprimer… Michel Boutet parle des humains, raconte des histoires quotidiennes avec des mots simples, compréhensibles par tous. Alors si une de ses chansons s’appelle « Chanson peu académique », c’est simplement parce qu’un académicien croisé un jour sur un plateau de télévision s’indignait qu’on ose appeler « poèmes » les chansons et leur déniait ce nom. Pourtant s’il est un auteur dont les textes correspondent bien au thème du festival de Barjac 2013 : « Poètes, vos papiers ! », c’est bien Michel Boutet !
Le seul reproche que je pourrais faire au récital de ce soir, c’est que les règles qui gouvernent le festival de Barjac sont trop drastiques : limiter à quarante-cinq minutes la durée de la première partie du soir, c’est beaucoup trop court ! Enfin… au moins pour ce soir !
(Catherine COUR.Site « Nos Enchanteurs »)