Un an plus tard, je lui envoie un manuscrit. Il ne me répond pas mais le donne à Francine Vernac, éditrice qui propose de publier mes textes ! Francine est aussi peintre. Comme on dit là-bas, je tombe en amour devant son travail. Elle accepte de composer six œuvres originales pour le livre.
Deux ans plus tard, je serai reçu comme auteur québécois ( !) au très remarquable Salon du Livre de Saint-Etienne. François Cavanna, André Castelot et Yves Simon, avec qui je converse, ne feront aucune remarque sur mon accent.
Extraits :
1. Je t’ai trouvée
Je t’ai croisée
amoureuse
légère
si légère
comme un partage
un chef-d’œuvre
tu portais d’ailleurs
une robe en papier bible
d’une récente édition des poèmes d’Eluard
2. Vient le temps
Vient le temps
de la conscience du granit
le temps
du savoir de l’eau
le temps
où une femme
allume la lumière
donne sa chance au hasard
l’épreuve
était de vivre sans elle
aux crochets de la vie
désaccordé
une femme
allume la lumière
et la beauté
n’est plus un caprice du soleil
3. La beauté
La beauté
est cette parcelle de lumière
qui dénonce l’ignorance
je ne sais jamais
et ne voudrai jamais le savoir
si ton sexe est la source
ou tout l’océan
tu es cette part de l’eau
qui manquait à ma soif
ton ventre appelle
c’est vivre qu’il affirme
l’amour nous fait
t’approcher
avec la précaution de la neige
pour les fleurs
dans les jardins japonais
tu es d’eau vive et de sel
tu es de larmes
c’est quand on ne pleure pas
qu’on se dessèche
tu es tous les poèmes d’amour de la terre
par le seul glissement de ton doigt
sur la vitre
ta tête penchée dans ce sourire
suffit
enfin
je verserai
527 849 poèmes d’amour au dossier
ce sera un beau procès